Le Rayon Vert, 1882 , Jules Verne

Tout cet ensemble, lourd, sévère, silencieux, respirait la poésie des temps passés

Writing& style: ⭐⭐⭐⭐
Interest&reflective:  ⭐⭐⭐
Characters and setting: ⭐⭐⭐
Originality:   ⭐⭐⭐
Reading experience: ⭐⭐⭐⭐
General rating:
⭐⭐⭐



. ⋅ ˚̣- : ✧ : – ⭒ ⊹ ⭒ – : ✧ : -˚̣⋅ .

Orpheline vivant chez ses deux oncles célibataires (ses pères d'adoption, qui sont frères), Helena Campbell est une jeune écossaise au tempérament vif et romanesque.
Pour échapper à une demande en mariage avec le scientifique Aristobulus Urisclos , elle annonce qu'elle ne se mariera qu'après avoir contemplé un phénomène naturel presque impossible à apercevoir : le rayon vert. Celui-ci, dans les romans et légendes qu'Helena affectionne particulièrement, aurait la réputation de révéler les sentiments à ceux qui le regarde.
Les deux frères acceptent, et s'ensuit un voyage autour de l’Écosse, à la recherche de ce rayon vert- et de nouvelles rencontres.

*ੈ✩‧₊˚༺☆༻*ੈ✩‧₊˚*ੈ✩‧₊˚༺☆༻*ੈ✩‧₊˚

Une histoire simple, courte et amusante.
Habitué aux grandes aventures de la part de Jules Verne, j'ai trouvé un peu étrange que celle-ci n'aille pas plus loin que le pays de départ- l’Écosse. Et ce, malgré des appels au long voyage et au tour du monde que je pensais être suivis par les héros... Mais que nenni !
Je reste donc un peu sur ma faim.
Ce court roman est, en fait, plus une romance doublée d'une réflexion philosophique qu'un récit d'aventure.
Cependant, le style d'écriture propre à l'auteur n'est pas sans humour (et surtout, pour une fois, sans racisme ni antisémitisme).
J'ai trouvé chacun des personnages plaisants:
l'espiègle Helena Campbell, le duo des frères Melvill, l'insupportable Aristobulus Urisclos, et le stéréotypé artiste français Olivier Sinclair.
Passés les quelques passages un peu épiques dans les grottes écossaises ou la prévisible histoire d'amour, on trouve cependant une seconde lecture intéressante, qui vient compléter et appuyer la philosophie vernienne, qui tend vers le décadentisme de la fin du XIXe siècle : une réflexion sur l'art, la place de la machine et de la nature. Il questionne aussi la place des oppositions et propose des harmonies entre ces ruptures (humain/machine, artificiel/naturel, art/science, etc.). Une critique, aussi, de la séparation de la littérature et des arts avec les domaines scientifiques ("science sans conscience n'est que ruine de l'âme", Gargantua, Rabelais)
Un roman court et amusant à lire donc, qui nous emporte dans un petit voyage autour de l’Écosse, au gré des aventures de ces personnages émotifs et colorés.

 . ⋅ ˚̣- : ✧ : – ⭒ ⊹ ⭒ – : ✧ : -˚̣⋅ .


18: "Il y a, en nous, deux êtres: moi et l'autre" (citation originale: De Maistre)
46: "Trop instruit pour un jeune savant [...] il avait plus de science physique, chimique, astronomique et mathématiques que de littérature. Au fond, très prétentieux, il ne s'en fallait de presque rien qu'il ne fût un sot".
92: "Que des fois je les ai parcourues avec les grands navigateurs! Que de fois je me suis lancée dans ce profond inconnu -par la pensée seulement, il est vrai,; mais je ne sais rien de plus enviable que la destinée des héros qui ont accompli de si grandes choses !"
103: "Tout cet ensemble, lourd, sévère, silencieux, respirait la poésie des temps passés."
105: "Étranger, tu habites ici dans une terre couverte de héros. Chante quelque fois la gloire de ces morts célèbres. Que leurs ombres légères viennent se réjouir autour de toi !"
107: "L'art n'est qu'un, sous des formes diverses"
117: "Les promesses imprudemment faites ne sont point des menottes de fer"
134:"Au-dedans régnait une sorte de silence sonore, -s'il est permis d'accoupler ces deux mots."