Aimes-moi comme tu aimes ces statues de marbre !
Comme tu les regardes, de tes yeux ébahis
Ces beautés parfaites et froides
Ces visages lisses et ces courbes roides
Où l’artiste a oublié de donner la vie
Car tu ne regardes pas un corps, mais un idéal !
Tu n’en embrasses que les effluves des rêves
Un respect sauvage dans les yeux
Un intérêt débarrassé de toute chair
Un désir sacré d’une ardeur austère
Un baise-main pudique et intellectuel
Car tu ne regardes pas un corps, mais un idéal !
Aimes-moi comme tu aimes ces statues de marbre
Ces morts voluptueux qui pensent par l’artiste
Regarde-moi sans désir, regarde-moi avec amour
Un amour spirituel aux vices sourd
Ce n’est qu’un esprit s’éprenant d’un autre esprit !
Car tu ne regardes pas un corps, mais une simple âme !